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CLINIQUE VETERINAIRE
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Consultations sur RDV

L'INSUFFISANCE RENALE CHRONIQUE

PAR LE DR MICHELON-CAILLOUX

 

DEFINITION


L’insuffisance rénale chronique (IRC) est l’affection rénale la plus courante chez le chat et le chien. Elle résulte d’une perte progressive et irréversible de la fonction rénale.


QUELLE CONSEQUENCES ENTRAINE UNE IRC ?


Une altération de la capacité rénale à concentrer l’urine :

cela reste indétectable jusqu’à la perte de plus de 2/3 de la fonction rénale. Il conduit à une polyurie (l’animal urine plus) et à une polydipsie compensatoire (l’animal boit plus).

Une incapacité des reins à éliminer les déchets métaboliques au rythme de leur production :

La conséquence est la présence dans le sang de produits d’excrétion azotés (azotémie).  Celle-ci s’évalue par les concentrations d’urée et de créatinine dans le sang qui ne sont augmentées que lorsque plus de 3/4 de la fonction rénale est perdue. Si l’azotémie persiste longtemps à des niveaux élevés, elle provoque l’apparition de signes cliniques :*
 
Troubles digestifs
  • Perte d’appétit et perte de poids
  • Nausée et vomissements
  • Stomatite urémique (ulcération de la cavité buccale, nécrose de la langue)
  • Diarrhée, parfois hémorragique
  • Constipation, lors de déshydratation
Troubles neuromusculaires :
  • Altération de la conscience, parfois crises convulsives
  • Faiblesse musculaire (tête basse, plantigradie, inactivité) due à l’hypokaliémie (taux de potassium trop bas)
  • Troubles neurologiques : faiblesse des membres, tremblements,..

Conséquences hématologiques :
  • Anémie : fréquemment observée dans les phases finales. Elle résulte de la diminution de la concentration de l’érythropoïétine circulante (EPO), produite par le rein, de la durée de vie réduite des globules rouges, de l’augmentation de la tendance hémorragique et d’une éventuelle carence en Fer.
  • Hémorragie (fragilité capillaire): présence d’hématomes, de sang dans les urines ou les selles…
 

Hypertension artérielle systémique :

L’hypertension peut avoir des conséquences sur plusieurs organes : le cerveau (hémorragie..), les yeux (cécité brutale, décollement de rétine,…), le système cardiovasculaire, les reins. Elle contribue à précipiter la dégradation de l’état général de l’animal.
 
 

COMMENT DEPISTER UNE IRC ET DETERMINER SON ORIGINE ?


  • Examen clinique : maigreur, déshydratation, syndrome polyuro-polydipsie (l’animal urine plus et boit plus), reins de petite taille et/ou de contours irréguliers…
  • Analyses sanguines : Dosage des concentrations sanguines d’Urée et de Créatinine. Les dosages des concentrations sanguines de Phosphore et de Potassium ainsi que la présence d'une anémie sont des élements pronostiques.
  • Analyse d’urine et mesure de la densité urinaire


 

Examen au microscope d'urines après centrifugation (1) sans coloration grossissement x100 (2) après coloration RAL grossissement x1000 à immersion. On note la présence de globules blancs (granulocytes neutrophiles) ainsi que des petits éléments figurés ovales et colorés en bleu (coloration basophile) : il s'agit de bactéries (petits bacilles).  Ce chat souffre d'une insuffisance rénale compliquée d'une infection urinaire et rénale (pyélonéphrite) ayant provoqué la survenue d'une crise urémique.
 
 
  • Imagerie : radiographie et échographie

 

COMMENT TRAITER ET ASSURER LE SUIVI D’UNE IRC ?

Traitement :

L’objectif est de ralentir la progression de la maladie, de réduire la sévérité des signes cliniques et de traiter les autres causes aggravant l’IRC.

Traitement diététique vise plusieurs objectifs :
  • Prévenir l’anorexie et la perte de poids avec un aliment au niveau énergétique important et de haute digestibilité
  • Limiter la production de toxines urémiques par un régime avec des protéines de grande qualité contenant tous les acides aminés essentiels
  • Maintenir une fonction rénale suffisante en donnant un régime riche en acides gras polyinsatués (oméga 6 et 3, qui limitent la fibrose rénale) et/ou en flavanols (qui ont un rôle antioxydant et anti-hypertensif)
  • Prévenir le développement de l’hyperparathyroïdie secondaire (trouble du métabolisme du phosphore et du calcium) par un régime pauvre en phosphore.

Traitement médical

  • Perfusion par voie intraveineuse pour faire diminuer les concentrations sanguines d’urée et de créatinine en phase aigue ou par voie intravaineuse ou sous cutanée pour réhydrater un animal en phase chronique.
  • Prise en charge de la protéinurie (présence de protéines dans les urines), si nécessaire, par un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou un sartan
  • Prise en charge des troubles digestifs et urinaires (infection concomitante) si nécessaire
  • Prise en charge de l’hypertension si nécessaire
  • Prise en charge de l’hyperphosphatémie, si nécessaire, par des chélateurs du phosphore
  • Prise en charge de l’hypokaliémie, si nécessaire, par une complémentation en potassium


Suivi :

4 contrôles par an la première année puis si l'IRC est stable et en stade IRIS 1 ou 2 : tous les 6 mois avec un contrôle du poids, des urines (présence possible d’infection urinaire non clinique), sanguin et une mesure de tension artérielle.